Chères sœurs et chers frères,
Que le Seigneur vous donne sa paix!
Cette année est vraiment spéciale, pour nous franciscains de Terre Sainte, parce que nous célébrons le huitième centenaire (1217-2017) de notre présence dans ces Lieux saints. L’Église elle-même nous a confié le mandat de les garder, de prendre soin de la communauté locale et d’être des ponts de paix. Cette année, nous aurons aussi la grâce de célébrer la Pâques dans l’Édicule du Saint Sépulcre entièrement restauré, grâce à la collaboration avec nos frères de l’Église grecque orthodoxe et de l’Église arménienne orthodoxe. Je désire, par conséquent, attirer votre attention sur la valeur et sur le sens de ce lieu qui est, absolument, le plus important pour tous les chrétiens du monde et le lieu par excellence pour interpréter notre vie et notre histoire.
Le Saint Sépulcre est avant tout le lieu où le Seigneur Jésus a partagé notre existence jusqu’au bout, entrant dans le mystère de la mort qui semble contredire le sens même de notre existence. Après avoir été oint avec des huiles parfumées et enveloppé dans un linceul Jésus a été déposé dans un tombeau creusé dans un rocher et, comme une semence, il a été déposé dans la profondeur de la terre. Le lieu physique qui conserve la mémoire de son ensevelissement témoigne que l’incarnation du Fils de Dieu est si réelle et si entière, qu’elle va jusqu’à l’expérience de la mort, qui est l’expérience finale de toute existence humaine.
Le Saint Sépulcre est surtout le lieu où la mort a été vaincue. Quand Marie Madeleine vient en ce lieu, le matin de Pâques, elle trouve un tombeau vide. La même chose se passe pour Pierre et Jean quand ils y parviennent à la course et le souffle court. Ce lieu est important pour nous parce que justement ce matin de la première Pâques est devenu un signe qui témoigne, d’une manière physique, que la mort est vaincue. Le tombeau vide est le témoin silencieux et éloquent de cet événement. Le tombeau vide est le lieu où un monde nouveau a commencé, même physiquement, dans cet instant de lumière où Jésus est ressuscité.
C’est pourquoi ce lieu qui est celui de la Résurrection du Seigneur Jésus est aussi le fondement de notre foi et de notre espérance. Nous voudrions voir tout de suite la plénitude du renouvellement du monde. Nous voudrions voir cette terre et son humanité en paix. Nous voudrions pouvoir faire l’expérience d’une humanité sans frontières et d’une fraternité universelle. Au contraire, nous touchons du doigt que subsistent toujours des murs et des barrières, des mains armées et des cœurs pleins de haine, des prédicateurs de la violence au lieu de la paix.
L’expérience du tombeau vide nous enseigne toutefois que nous devons savoir regarder les signes que le Seigneur nous offre et y pressentir la puissance de sa Résurrection. Je pense à tant d’enfants de toutes les religions qui, ces mois-ci et à partir d’Alep, ont accueilli l’invitation à prier pour la paix. Je pense aux jeunes de nos écoles en Terre Sainte qui sont chrétiens et musulmans et qui grandissent ensemble en apprenant à se connaître, à se respecter, à s’étreindre avec amitié et être ainsi le germe d’un avenir différent. Je pense aux initiatives de dialogue, de partage et d’engagement social qui impliquent juifs, chrétiens et musulmans qui, ensemble, sont une petite semence mais réelle : la possibilité diverse d’entrer en relation les uns avec les autres. Je pense au dialogue œcuménique qui, ces dernières années et ici en Terre Sainte, est devenu toujours plus cordial et fraternel, autant entre les responsables des diverses Églises qu’entre leurs fidèles.
Pour voir déjà à l’œuvre la puissance de la Résurrection il ne suffit pas de voir le tombeau vide. Il importe de le regarder avec foi. Il importe aussi de regarder avec la même foi les semences d’espérance que le Seigneur nous fait entrevoir même ici dans cette Terre Sainte et dans toutes les parties du monde, sans craindre d’être considérés comme naïfs.
C’est pourquoi je souhaite à chacune et à chacun de vous de pouvoir faire, à l’occasion de Pâques, l’expérience de Madeleine, l’expérience de Pierre et de Jean, l’expérience de voir des signes, petits peut-être, mais qui vous permettent de croire que Jésus est Ressuscité, qu’Il est le Seigneur et qu’il conduit, malgré des apparences contraires, notre histoire et notre humanité vers la plénitude de la vie en Lui.
Frère Francesco Patton, OFM
Custode de Terre Sainte à Jérusalem
Vendredi Saint 2017